lundi 15 mars 2021

15 mars : Lettre ouverte à Mme Sonia Francius, Directrice de l'INSPE de Guyane

Lettre ouverte à Mme Sonia Francius, 

Directrice de l'INSPE de Guyane


Nous sommes des enseignants, des étudiants et des agents administratifs choqués et sidérés par la violence des événements que nous avons vécus le 10 mars 2021 : une agression verbale collective d'une rare violence.


Nous avons exercé notre droit de grève lors d’une seconde demi-journée de mobilisation parce que nos revendications n’avaient pas été prises en considération. En effet, nous avons eu la surprise de constater qu’un document qui ne retenait aucune de nos propositions avait été signé, semble-t-il en toute bonne foi, par Monsieur le Recteur et Monsieur le président de l’UG. Vous avez présenté ce document comme étant le résultat d’une concertation entre le collectif et vous. Vous avez signé en notre nom, sans notre accord, puis diffusé ce document à l’ensemble des usagers et les médias ont ainsi pu déclarer, dès le 12 février, que le conflit à l’Inspé était réglé !


Mensonge que tout cela !


Lors de cette journée de mobilisation, le 10 mars, des organisations militantes extérieures à l'université, vos soutiens, sont venus briser notre grève. Nous avions choisi de faire de notre action un sit-in silencieux puisqu’un concours de l’agrégation se déroulait au même moment dans les salles de cours de l’INSPE, ce que nous n’avions appris qu’après nous être installés. Nous ne voulions en aucun cas compromettre le déroulé de cette épreuve nationale. 

Les manifestants venus vous soutenir ont refusé tout dialogue et sont restés sourds à notre appel au calme. Au contraire, ils ont sorti leur mégaphone pour proférer harangues, invectives, mensonges et diffamations, et nous intimer l'ordre de quitter les lieux. Nous avons été provoqués et injuriés pendant plus de deux heures ! Les multiples films réalisés par nos agresseurs et qu'ils diffusaient en direct sur leurs réseaux peuvent en attester. Nous n'avons échappé aux agressions physiques que grâce à la posture non violente et silencieuse que nous avions décidé d’observer.

 
Vous êtes venue prendre la parole et vous avez reçu un long hommage de vos partisans.

Vous aviez là l’opportunité, le pouvoir et le devoir de faire évoluer favorablement la situation, et cela pour au moins trois raisons : 

- En tant que chef d'un centre d'examen, vous avez la responsabilité d'assurer le bon déroulement des épreuves, en l'occurrence, de l'agrégation qui se déroulait ce jour-là.
- En tant que responsable hiérarchique, la mise en sûreté des personnels et des étudiants ainsi que leur sécurité vous incombent.

- En tant que fonctionnaire de l’Etat, la déontologie, le devoir de réserve et la neutralité, vous imposent de travailler pour tous les citoyens et vous interdisent tout populisme.  

Vous avez ensuite, en contradiction totale avec ces responsabilités, fait le choix de tourner les talons, et de nous laisser livrés en pâture à cette foule vindicative, hargneuse et menaçante. Encore un manquement à porter à votre actif !


Les menaces proférées face au Recteur le 10 février par des personnes extérieures à l'université — « Occupez-vous de votre personnel, sinon on s'en chargera » — et sur les réseaux sociaux, ont ainsi été mises à exécution le 10 mars avec, semble-t-il, votre assentiment plein et entier.  D'ailleurs, vous n’avez pas manqué de témoigner, à deux reprises lors de votre discours, vos remerciements aux contre-manifestants.

 
Vous ne leur avez pas demandé de quitter les lieux, ni de cesser de nous insulter. Notre mise en danger a été réelle et manifeste alors que nous usions de notre droit de grève sur notre lieu de travail !

 

Nous avons été ainsi doublement insultés et agressés : d’abord par les organisations militantes venues vous soutenir, ensuite par votre posture : vous nous avez, une fois encore, témoigné votre irrespect et votre volonté de nous réduire au silence par tous les moyens, y compris par l'intimidation. Deux enseignants-chercheurs qui vous soutiennent ont aussi activement participé à ce lynchage médiatisé en direct.

Des enfants ont même été dépêchés sur notre piquet de grève avec des pancartes qui vous apportaient leur soutien ! Ils ont été les figurants instrumentalisés de cette triste mascarade.

Vous avez tenté d’obtenir des citoyens et de la société civile une légitimité universitaire que vous n’avez pas su acquérir en deux ans et demi d’exercice, aussi bien en termes de management, qu’en termes d’animation d’une équipe pédagogique, de réflexions collectives, de rassemblement autour d’un projet de formation, en termes de compétences de gestion et régulation des conflits et, enfin, en tant que garante des procédures de l’Université. 

Vous apprenez à vos dépens que la notoriété ne suffit pas pour gérer une composante universitaire : il faut aussi des compétences et un sens des responsabilités auquel vous avez totalement failli.

 

Vous ne pourrez plus accéder à la légitimité que vous n’avez jamais eue. 
Vous avez Madame, définitivement perdu tout crédit, toute considération et toute dignité.


Le collectif des enseignants et des personnels administratifs présents sur le piquet de grève du 10 mars 2021.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LES RAISONS DU CONFLIT